Francisco de Asís García García, Universidad Autónoma de Madrid (Espagne)

Comme cela est le cas de nombreux sanctuaires placés sur des sites montagneux, la tradition situe les origines du monastère aragonais de San Juan de la Peña dans un miracle : un chevalier, sauvé d’une chute mortelle dans le vide, édifia un monastère là où il avait chu et où avait précédemment vécu un ermite. Ces origines mythiques, entretenues au fil des siècles, sont un exemple éloquent des traditions légendaires qui accompagnent nombre des fondations religieuses érigées ou renouvelées à l’époque romane. Il est fréquent que celles-ci soient associées à un passé érémitique et à la présence de corps de saints ou d’images miraculeuses. Ces éléments, communs à nombreux lieux saints du monde chrétien occidental, trouvent des accents particuliers dans le monde ibérique en raison de l’expérience de la frontière avec al-Andalus et de la consolidation des espaces chrétiens du nord de la péninsule. Dans quelle mesure cette mythification a-t-elle alors pu être renforcée par les enclaves abruptes et reculées de l’architecture rupestre ? Ces légendes sont-elles le résultat d’une élaboration tardive, éloignée des faits racontés et de la matérialité architectonique de ces édifices ? La nature exalta de manière certaine l’imagination de ceux qui relatèrent la naissance et le devenir de ces centres, de même qu’elle inspira les voyageurs et écrivains de manière plus récente. Au travers d’une sélection d’exemples du nord de hispanique, nous nous intéresserons alors à cette conjonction qui s’opère entre paysages, architectures et saintes légendes.

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