Cécile Voyer, Université de Poitiers, CESCM

Le scriptorium de Saint-Bertin est resté actif durant tout le premier Moyen Âge : une soixantaine  de manuscrits et de fragments de manuscrits du VIe siècle au début du XIe siècle a été conservée. Des manuscrits de luxe ont été produits à la période carolingienne, puis des codices d’une remarquable qualité au tournant des Xe-XIe siècles, particulièrement sous l’abbatiat d’Odbert (986-1007) comme par exemple, le recueil Vitae sanctorum comprenant les vies des saints Bertin, Folcuin, Silvin et Winnoc (Boulogne, BM, ms. 107). Le frontispice de ce codex est attribué à l’abbé Odbert tout comme une partie du décor du Psautier-Hymnaire à l’usage de Saint-Bertin (Boulogne, BM, ms. 20). Le langage formel élaboré sous l’abbatiat d’Odbert imprime à la fois l’identité de l’abbaye et son passé glorieux, la richesse et la continuité de son histoire tout en signifiant sa renaissance. Si le livre d’Évangiles d’Odbert (Boulogne, ms. 11) a été orné par un peintre anglo-saxon, l’abbé a probablement réalisé les initiales secondaires. Ce manuscrit somptueux témoigne de la créativité, de l’inventivité des concepteurs d’images et des préoccupations liées à l’importance prise par l’eucharistie et l’Incarnation à la fin du Xe siècle. Il permet de questionner la création artistique de ce Xe siècle, mal connu.

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