Véronique Rouchon, Université Lumière Lyon 2

Le modèle graphique de la roue a été utilisé par les pères de l’Église, à la suite du pape Grégoire le Grand (vers 600), pour illustrer la concordance entre l’Ancien et le Nouveau Testament : « quasi sit rota in medio rotae ».

Cette formule a été élaborée à partir du commentaire d’un passage des Écritures, le début du livre du prophète Ézéchiel, connu sous le nom de Vision du char du Seigneur, qui est un modèle du genre visionnaire.

Cet épisode a également inspiré d’importants commentaires médiévaux d’exégèse biblique dans lesquels cette figure des roues vues par Ezéchiel devient une référence utilisée tout au long du Moyen Âge, dans le but de traduire toute activité d’interprétation, et plus largement toute activité de pensée.

Par la perfection de sa rotondité et la multiplicité de ses mouvements, la roue dessine le profil d’une machine herméneutique universelle, qui vaut bien au-delà du domaine des textes sacrés qui l’a générée, et vient se conjuguer avec les savoirs intellectuels.

Il n’est pas aisé de définir la conception que les hommes du Moyen Âge eurent de la cognition, mais il est certain que la rota leur a pleinement fourni un modèle graphique de l’intelligence des choses.

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