A partir du second quart du XIe siècle l’architecture religieuse monumentale germanique est marquée par des changements dont l’analogie formelle et constructive avec le répertoire du « premier âge roman » pose la question des échanges qui ont pu motiver, favoriser et stimuler une ouverture sur l’art de bâtir au Sud des Alpes et à l’Ouest du Rhin. Il en va ainsi, tout particulièrement, pour l’enrichissement de la plastique murale par l’intégration voire l’assimilation des lésènes et arcatures caractéristiques de la première architecture romane méditerranéenne et bourguignonne, et pour le développement du voûtement, introduit dès les années 1030-40 à une échelle monumentale dans la cathédrale de Spire, à Limburg an der Haardt, à Sainte-Marie-au-Capitole de Cologne ou à Trèves. La contre-abside de SaintBénigne de Dijon poserait-elle la question d’un rapport en sens inverse avec l’architecture ottonienne ? Si les antagonismes politiques et les nationalismes de la fin du XIXe et du XXe siècle ont contribué à l’émergence d’une vision autonomiste de l’évolution de l’architecture germanique dans l’historiographie allemande, qui tend à privilégier l’hypothèse d’un développement autonome à partir de son propre substrat carolingien et ottonien enrichi par l’intérêt pour l’architecture antique, les rencontres et échanges entre maîtres d’ouvrage au sein de l’Église suggèrent —voire supposent— une certaine interdépendance des phénomènes à une large échelle géographique.
Andreas Hartmann-Virnich, Université Aix-Marseille