Martine Jullian, Université de Grenoble

La cathédrale d’Aoste en Piémont abrite un pavement de mosaïque qui se développe à la manière d’un tapis en avant de l’autel principal. Au centre, apparaît d’abord une personnification de l’Année, entourée d’un anneau circulaire dans lequel sont figurés les douze mois symbolisés par les activités humaines caractéristiques de chacun. Ce premier tapis circulaire est posé sur un second de forme rectangulaire, dans les angles duquel s’insèrent les Fleuves du Paradis. Malgré le nombre réduit des motifs iconographiques (les Signes du Zodiaque, par exemple, sont absents), l’œuvre se présente à la manière d’une mappa mundi, mais plus synthétique, voire syncrétique, qu’encyclopédique, à la différence de certaines images de manuscrits ou encore du Tapis de la Création de Gérone.  

C’est d’abord l’évocation des activités humaines au fil de l’année dans leur banalité quotidienne. Mais cette banalité quotidienne s’inscrit dans un espace-temps : l’espace cosmique, dans son rapport entre terre et ciel, et le temps cyclique que définit la ronde des mois. Par la référence au Paradis, la pensée eschatologique n’est pas exclue. Enfin, par les choix tant iconographiques que formels, la dimension théologique est sous-jacente sans qu’elle soit nommée explicitement : car derrière ces figurations, aussi allusives qu’elles soient pour certaines, et si l’homme occupe au premier abord une place prépondérante, se profile de manière symbolique la présence divine, Dieu étant in fine le grand organisateur du monde, le maître de l’espace et du temps.

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