L’impulsive habitude d’interpréter, ou de surinterpréter, les vestiges et les sources qui ont eu la bonne fortune de parvenir jusqu’à nous comme étant la stricte réalité d’une période, figea les contours de la chronologie relative de l’architecture préromane roussillonnaise.  La définition de l’architecture préromane voulue par Jean Hubert, comme étant cette vaste période qui, des premières églises chrétiennes de Gaule, mène jusqu’aux environs de l’an Mil, fut contrainte aux spécificités roussillonnaises, sous la houlette de Josep Puig i Cadafalch et Pierre Ponsich qui en figèrent la morphogénèse sous les traits d’une église, entre les IXe et Xe siècles, réduite à sa plus simple expression et subordonnée à l’avènement du voûtement. La fragilité des datations des sites du haut Moyen Âge a conforté cette chronologie vieillissante.
Toutefois, les immenses progrès de l’archéologie médiévale et de ses techniques de datation absolue nous obligent aujourd’hui à réenvisager nos acquis sur la précocité des formules architecturales, afin de réduire les divergences consécutives de la dichotomie complexe entre l’acquis théorique des Pères de l’histoire de l’art, les datations offertes par les sources, l’extrapolation de l’analyse formelle et la lecture actualisée du bâti.

Morgane Gourgues, Université Paul-Valéry (Montpellier)

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