Emma Claverie, Ecole nationale des Chartes
Quatre astrolabes figurent dans les voussures encadrant le tympan de la baie centrale du Portail royal de la cathédrale de Chartres. Portés par les anges de l’Apocalypse placés autour du Christ en majesté, leur présence interroge le rapport qu’entretenaient les chartrains avec cet objet, et plus largement l’intérêt qu’ils portaient à l’étude et à l’enseignement de l’astronomie.
Le portail beauceron a en effet été bâti au milieu du XIIe siècle, âge d’or de ce que l’on a nommé « École de Chartres » et qui fut l’un des centres d’enseignement le plus renommé du royaume.
L’astrolabe trouve donc une place naturelle dans cet environnement, car la première vocation de cet instrument est pédagogique, et non scientifique comme on serait porté à le croire. Les chartrains auraient démontré très tôt leur attrait pour cet outil, en témoignent les nombreux manuscrits y faisant référence dans la bibliothèque de la cathédrale.
Ces intellectuels sont également à la pointe des recherches astronomiques et connaissent les derniers textes rédigés par leurs contemporains, qu’ils enseignent à leurs élèves.
Enfin, les représentations multiples de l’astrolabe revêtent un sens particulier au sein de la façade occidentale, seul vestige de la cathédrale de Fulbert. Gravitant autour du Christ, ils symbolisent le monde rationnel et ordonnancé par les lois de la physique sur lequel règne Dieu.