Emmanuelle Vagnon, CNRS (LAMOP), Université Paris Panthéon-Sorbonne
Les mappemondes, représentations de l’ensemble du monde connu au Moyen ge en Occident, proposent une image géographique fondée sur certains principes scientifiques hérités de l’Antiquité, tout en mettant en scène l’histoire du monde et de l’humanité depuis ses origines.
En cela, elles invitent à une lecture eschatologique de la géographie dans laquelle l’espace et la position relative des lieux incluent une dimension temporelle et spirituelle. Nous proposons ici de comparer la mise en forme visuelle de cette géohistoire à travers quelques mappemondes emblématiques des XIe et XIIe siècles.
En prenant pour point de départ la carte contenue dans le manuscrit de Saint-Sever du Commentaire sur l’Apocalypse de Beatus de Liébana (XIe siècle), nous examinerons l’évolution de cette représentation géographique dans d’autres cartes et textes du XIIe siècle.
Nous montrerons comment ces mappemondes sont des constructions raisonnées de l’espace en vue d’une méditation sur l’évangélisation du monde et l’attente de la fin des temps, trouvant un écho dans la peinture et la sculpture romanes.