Julie Gonzalez (Université de Pau) L’iconographie de l’Enfer et des gueules dévorantes au Moyen Âge. Histoire d’une forme et de sa représentation

À l’opposé du Paradis céleste que rejoignent les élus, les artistes romans ont imaginé le monde de tourments qui attend les pécheurs. Ce lieu de terreur, duquel s’élèvent « des pleurs et des grincements de dents » (Matthieu, 22, 13), ne peut être illustré sous des formes simples et communes. L’imagerie médiévale, précocement, dès le IXe siècle dans le domaine anglosaxon, donne à l’Enfer l’apparence d’une tête hybride, la Gueule d’Enfer. Sculpteurs et enlumineurs se sont-ils inspirés de monstres issus des mythologies païennes anciennes et contemporaines ? Sur quelles sources textuelles se sont-ils appuyés pour élaborer ce motif ? Aisément reconnaissable, l’image de la Gueule s’inscrit dans les nombreuses représentations du Jugement Dernier et de la Descente du Christ aux Enfers. Une étude typologique pourra déterminer l’influence de la présence et de l’aspect de la Gueule d’Enfer sur la signification de ces épisodes fondateurs du Christianisme. La Gueule terrifiante devient le symbole même d’un Enfer fantasmagorique et vivant ; elle envahit progressivement toute l’iconographie religieuse et il convient de voir si elle ne modifie pas le sens de nombreux épisodes bibliques. Si l’Enfer médiéval a suscité de nombreuses études, le motif de la Gueule dévorante a paradoxalement peu attiré l’attention des historiens de l’Art. Cette recherche tend à combler, au moins en partie, cette lacune

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