Jean Wirth, Université de Genève (Suisse)
Aux critiques justifiées ou non d’un livre que j’ai publié il y a vingt ans, j’ajoute les miennes. Je maintiens certes que l’iconographie constitue un système, sans quoi personne ne pourrait comprendre une image, que ce système s’articule sur des idéologies, comme celle du mépris du corps à l’époque de la réforme grégorienne, et qu’il est inséparable de la forme artistique. Mais il est vrai que l’ouvrage n’a pas été toujours assez sensible aux inflexions divergentes des différents foyers artistiques, tant il y avait lieu, avant toute chose, de restituer une chronologie. C’était particulièrement le cas pour l’art roman auvergnat qu’on situait en moyenne un demi-siècle trop tard. Les recherches récentes montrent que mes propres datations n’étaient pas trop hautes, comme certains le croient encore, mais parfois un peu trop basses. Par ailleurs, je ne prétendais pas résoudre tous les problèmes chronologiques et il y en a que je n’ai pas abordés, comme celui des chapiteaux du rond-point de Cluny III et de la nef de Vézelay. Mon but était plutôt de tracer les évolutions essentielles. Si les travaux des vingt dernières années ont amené de précieuses révisions, tant sur les iconographies particulières que sur le déroulement des chantiers, ils n’ont guère concerné les grandes évolutions, face auxquelles ils témoignent d’une timidité sans doute excessive.