Emilie Mineo (Université de Poitiers) La mémoire des artistes romans dans les grandes abbayes, de Saint-Benoî-sur-Loire à Saint-Denis

Le rôle des grandes abbayes dans l’essor et le développement de l’art roman est bien connu mais nous ne conservons que très peu d’informations sur ceux qui ont matériellement œuvré à leur construction ou ornementation. En effet, nous ne disposons que d’une dizaine de signatures épigraphiques (sur les cinquante conservées en France pour l’époque romane) qui se trouvent encore ou proviennent d’édifices monastiques et par lesquelles des individus revendiquent la réalisation d’une œuvre ou d’une partie du bâtiment. La présence de ces inscriptions nominales en ces lieux et leur caractère apparemment ostentatoire sont pourtant problématiques: comment peuvent-ils se concilier avec l’éthique monastique, prônant plutôt un devoir d’humilité et donc d’effacement de soi ? S’agit-il d’ailleurs véritablement de signatures d’artistes au sens moderne du terme ? À côté de ces témoignages épigraphiques, les récits historiques et les documents d’archives livrent également plusieurs noms d’artistes et d’artisans ayant participé aux chantiers des grandes abbayes. Dans quel but leur mémoire a-t-elle été conservée ? Que nous apprennent ces sources sur le statut et la place des artistes romans dans les milieux monastiques ? À travers plusieurs études de cas – dont ceux de Saint-Benoît-sur-Loire et Saint-Denis, qui marquent idéalement les bornes chronologiques inférieure et supérieure de l’enquête et constituent deux dossiers particulièrement touffus – seront mis en lumière les enjeux de l’enregistrement écrit de la mémoire des artistes actifs dans les grandes abbayes romanes et l’apport de cette documentation pour la connaissance des conditions matérielles de la création artistique dans ce contexte.

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