sommaire


Michel ZiMMERMANN
Sur la terre comme au ciel : la paix chrétienne. Oliba (1008-1046), pacificateur et guide des âmes

RÉSUMÉ
Oliba, abbé de Santa Maria de Ripoll et de Saint-Michel de Cuxa, évêque de Vic, est considéré comme une figure importante de l’histoire catalane, et en particulier comme la personnalité majeure de la première moitié du XIe siècle, époque de grand désordre et de violence généralisée liée à la genèse de la société féodale, mais en même temps période déterminante dans la formation de la Catalogne. L’étude de l’oeuvre et de la personnalité d’Oliba a été entreprise depuis longtemps et par des historiens de premier plan, mais les ouvrages qui lui sont consacrés sont souvent encombrés d’éloges hyperboliques confinant à l’hagiographie ou guidés par d’anachroniques perspectives nationalistes. Or la documentation relative à Oliba est réduite. À défaut de révélations nouvelles, nous devrons nous contenter de replacer Oliba, non seulement dans son temps et dans sa condition sociale d’aristocrate qui le rend partie prenante des débats et des luttes de pouvoir qui marquent la société contemporaine mais dans sa situation d’homme d’Église, sa double situation d’abbé et d’évêque, confronté à des circonstances difficiles tant dans l’accomplissement de sa tâche pastorale que dans la direction de ses communautés monastiques.



Ramon ORDEIG i MATA
La documentació del monestir de Cuixà referent a Oliba i als anys del seu abadiat

RÉSUMÉ
Dans une première partie sont présentés les documents du monastère de Cuxa des années 1008‑1046, dont 31 se rapportant à Oliba comme abbé de Cuxa et 48 autres sans référence explicite à lui. Un seul est un original. Huit autres documents sont examinés, provenant d’autres fonds ainsi que 4 documents posthumes. Dans la deuxième partie sont analysés certains aspects du sermon du moine Garsias, rédigé pour l’anniversaire de la consécration de Saint‑Michel de Cuxa, du 28 septembre 975, veille de la fête de l’archange, bien que l’acte de dotation ait été accordé le 30. De la confrontation des données sur les chapelles du Pessèbre et de la Trinité avec la chronologie de Cuxa, on peut conclure qu’elles furent consacrées un 16 octobre, date qui ne correspond pas à celle du concile de Cuxa, tenu le 23 juin 1035, mais doit se rapporter à l’année 1040. L’analyse des reliques énumérées dans le sermon, montre que certains d’entre elles avaient été obtenues par Oliba en 1038 des mains de l’archevêque d’Arles. On devine aussi l’identité des trois corps saints ensevelis sous la chapelle du Pessèbre. La troisième partie présente d’autres sources médiévales, en particulier les Gesta de Pierre Orseolo, qui contient la notice de sa canonisation par Oliba, probablement le 12 avril 1027.



Pascale BOURGAIN
La personnalité littéraire d’Oliba
Lettre-sermon du moine Garsias de Cuxa à l’abbé Oliba
Traduction Daniel CODINA, Pascale BOURGAIN et Marianne BESSEYRE

RÉSUMÉ
Les écrits survivants d’Oliba ne sont pas nombreux, car nous dépendons de copies casuelles, avec une prédominance de textes commémoratifs. Ils le montrent parfaitement intégré dans les courants littéraires de son époque, hérités de la Renaissance carolingienne, avec la tendance à l’expressionnisme foisonnant caractéristique du XIe siècle. Lui‑même passe d’un certain maniérisme, proche du style herméneutique anglosaxon très admiré au Xe siècle, à un phrasé plus sobre, proche du style d’Aimoin à Fleury, qui repose faiblement sur la rime, plus nettement sur la récurrence répétitive de mots moteurs et les parallélismes de construction, surtout sur la valeur métaphorique et connotative de ces mots. Les deux derniers traits sont constitutifs de ce qui sera le grand style du XIIe siècle : Oliba a donc pleinement participé aux évolutions littéraires de l’époque, en les anticipant même.


Éric PALAZZO
Liturgie et symbolisme de l’espace rituel au temps d’Oliba


Gabriel MARTINEZ-GROS
L’interprétation des campagnes d’al-Mansûr contre l’Espagne chrétienne

RÉSUMÉ
Les campagnes d’al‑Mansûr contre les royaumes chrétiens du nord de la péninsule, couronnées par la prise et l’incendie de Barcelone (985) et surtout de Saint‑Jacques de Compostelle (997), ont été décrites par les grands historiens d’al‑Andalus, Reinhart Dozy ou Evariste Lévi‑Provençal, comme des entreprises compensatrices de l’illégitimité originelle du pouvoir d’al‑Mansûr, ministre usurpateur et amant indélicat de la favorite de son maître défunt le calife al‑Hakam. La violence de ces expéditions, leur absence de résultats territoriaux concrets, le souci d’humilier la Chrétienté qui les inspirent relèveraient du même souci de justification de la dictature d’al‑Mansûr, qui aurait détourné contre l’Espagne chrétienne le ressentiment que son régime suscitait auprès des élites andalouses.
Sans nier ces explications, on en propose une autre, inspirée de la théorie d’Ibn Khaldûn. Comme ailleurs dans le monde islamique, le pouvoir andalou renouvelle au Xe siècle les forces qui le servent : on a repéré depuis longtemps le premier rang donné aux troupes berbères dans les forces d’al‑Mansûr. Mais les chrétiens du nord sont à peine moins présents. Les expéditions d’al‑Mansur en Espagne du nord, tout comme l’extension du contrôle andalou sur l’actuel Maroc à la même époque, sont des manières de se constituer des vassaux et d’engager des mercenaires. C’est ce qui explique que ces mêmes forces chrétiennes soient sollicitées par les protagonistes de la guerre civile andalouse dès qu’elle éclate. C’est aussi ce qui explique à long terme les liens étroits entre puissances chrétiennes et royaumes des taifas. En somme, ce sont les campagnes d’al‑Mansûr qui, en faisant entrer les royaumes chrétiens dans la mouvance andalouse, expliquent en partie les débuts de la Reconquête.



Mercè VILADRICH
La transmission des idées scientifiques et astrologiques d’origine arabe dans la Marca Hispanica au temps de l’abbé Oliba : vieilles idées et questions nouvelles

RÉSUMÉ
Ce travail a pour objectif de faire connaître certains apports récents sur l’introduction de la science et de l’astrologie arabes en Europe par l’intermédiaire de la Marca Hispanica. Nous posons une série de questions sur la validité des schémas interprétatifs que les historiens des sciences ont utilisés jusqu’à nos jours. Nous proposons de nouvelles hypothèses qui affectent la conception de la frontière supérieure d’al‑Andalus comme espace de relations humaines et d’échanges culturels, ainsi que des aspects concrets comme les opinions formulées jusqu’à maintenant sur l’astrolabe de Marcel Destombes. Pour finir nous réexaminons l’importante contribution de D. Juste qui est venue confirmer, au travers de l’étude des Alchandreana, l’introduction de textes astrologiques arabes qui viennent s’ajouter à d’autres transmissions déjà connues.



Milagros GUARDIA
L’héritage d’Oliba de Ripoll dans l’art roman d’Aragon

RÉSUMÉ
Cet article a pour objet de réexaminer les relations ‑ par ailleurs bien connues ‑ entre les personnalités les plus remarquables de la réforme monastique et liturgique que vivent les comtés catalans et le royaume de Navarre/Aragon au XIe siècle. L’abbé‑évêque Oliba, le roi Sanche de Navarre et Ponç de Tavèrnoles en sont les personnages plus emblématiques. Ainsi se révèle le réseau de contacts qui, en nous centrant sur la Ribagorça, permettent de comprendre les particularités de son premier art roman. Dans cette région ‑ véritable carrefour en raison de par sa situation géographique et par son histoire antérieure ‑, en relation avec les centres qui dépendaient du diocèse de Roda d’Isàvena, en particulier dans la Vall de Boí, nous pouvons constater la présence de modèles artistiques d’origine ripollaise qui sont la conséquence de ces premiers contacts qui se maintinrent tout au long du XIe siècle et pendant les premières décennies du XIIe siècle. Le décor peint de Sant Joan de Boí en est l’exemple le plus significatif.



Éliane VERGNOLLE
Saint-Martin du Canigou. L’église du XIe siècle.

RÉSUMÉ
Les contraintes exercées par la topographie du site, un piton escarpé, expliquent sans nul doute les petites dimensions de l’église et certains des principaux aspects du parti architectural (superposition de deux basiliques dépourvues de transept, clocher latéral surmontant l’entrée du monastère). Le choix d’un édifice entièrement voûté traduit, pour sa part, des préoccupations qui, au début du XIe siècle, restaient exceptionnelles. Les graves problèmes rencontrés par l’architecte en cours de construction révèlent d’ailleurs ses tâtonnements techniques. Avant d’adopter pour les travées occidentales de l’église inférieure des piliers cruciformes, il fut, en effet, contrait de chemiser les trop fragiles colonnes monolithes des travées orientales, tandis que, dans l’église supérieure, il sacrifia l’éclairage au profit de l’équilibre de la voûte du vaisseau central. La consécration, le 10 novembre 1009 de l’église inférieure dédiée à la Vierge, de l’église supérieure dédiée à saint Martin et de la chapelle saint Michel située à l’étage du clocher, laisse supposer une construction peu ou prou achevée. L’adjonction, du côté sud du chevet, d’une petite chapelle destinée à recevoir les reliques de saint Gaudérique, arrivées à Saint‑Martin du Canigou vers 1012‑1013, tend à accréditer cette hypothèse (peut‑être est‑ce cette petite chapelle qui fut consacrée en 1014). L’adoption d’une technique de construction (petit appareil régulier) et d’un système décoratif (lésènes et petites arcatures aveugles) nouveaux en Catalogne témoigne de l’ouverture des constructeurs à un type d’architecture qui émergeait vers l’an mil dans une vaste zone comprise entre la vallée du Pô (Galliano, cathédrale d’Ivrée) et la partie orientale du duché de Bourgogne (Saint‑Vorles de Châtillon sur‑Seine, Saint‑Bénigne de Dijon).



Manuel Antonio CASTIÑEIRAS GONZÁLEZ
Le nouveau Testament de la Bible de Ripoll et les traditions anciennes de l’iconographie chrétienne : du scriptorium de l’abbé Oliba à la peinture romane sur bois

RÉSUMÉ
Il reste encore beaucoup de questions à poser au sujet de la Bible de Ripoll (Vat. Lat. 5279), manuscrit enluminé réalisé sous le gouvernement de l’abbé Oliba (1008‑1046). D’un côté, la particularité du cycle figuratif  du Nouveau Testament nous permet d’aborder des sujets aussi passionnants que celui de sa relation avec d’anciennes traditions de l’iconographie chrétienne, ou celui de la circulation des modèles à travers la Méditerranée durant le Haut Moyen Âge. D’un autre côté, cet ensemble d’images pose la question de sa possible relation avec la décoration monumentale de la basilique de Ripoll à l’époque d’Oliba ainsi que sa postérieure répercussion sur d’autres productions artistiques de l’abbaye au XIIe siècle, comme le portail monumental ou la peinture sur bois.



Andreina CONTESSA
L’iconographie des cycles de Daniel et d’Ézéchiel dans les Bibles catalanes: présence divine et vision de l’invisible

RÉSUMÉ
Les Bibles catalanes projetées et réalisées dans la première moitié du xie siècle à Ripoll sous le patronage de l’abbé Oliba présentent les cycles prophétiques les plus longs et les plus complexes de toutes les Bibles latines du moyen âges.
L’intérêt de ce répertoire narratif ne consiste pas seulement en son ampleur insolite, dont on trouvera difficilement un équivalent dans d’autres illustrations de la même époque ou d’époques différentes, mais dans le caractère éclectique des images. Cette hétérogénéité révèle l’énorme travail de recherche et de récolte des sources qui précéda la composition de ces deux Bibles, lorsque les moines de Ripoll réunirent, assemblèrent librement et réinterprétèrent, de manière originale, un vaste matériel iconographique, aujourd’hui en grande partie perdu, dont ne restent que les traces contenues dans ces deux Bibles monumentales. Les miniatures de ces Bibles, souvent simples et modestes, non colorées voire inachevées, trahissent, à un examen plus attentif, une complexité théologique particulière, fruit de la vivacité culturelle du milieu monastique qui les a engendrées. Elles reflètent en outre une approche de la liturgie, de la conception esthétique et de la vision architectonique du lieu sacré, propres de l’époque d’Oliba. Ces éléments émergent clairement de l’analyse détaillée des deux thèmes centraux des cycles prophétiques : la vision divine apparaissant au prophète, avec son riche bagage théologique et figuratif ; et la représentation de la présence divine dans sa demeure terrestre, le Temple de Jérusalem.



Xavier BARRAL i ALTET
Culture visuelle et réflexion architecturale au début du XIe siècle: les voyages de l’abbé-évêque Oliba (1ère partie : Les premiers voyages, avant l’itinéraire vers Rome)

RÉSUMÉ
La culture visuelle de l’abbé‑évêque Oliba, menant à une réflexion architecturale et à la prise de décisions sur les édifices religieux dont il avait la charge, s’est nourrie de trois sources complémentaires : la culture locale appartenant à l’imaginaire collectif et aux réalités quotidiennes dans lesquelles Oliba avait baigné depuis son enfance ; les voyages à courte distance conduisant à des échanges locaux ; les voyages de plus longue durée au cours desquels Oliba pouvait entrer en contact avec des réalités architecturales d’un paysage monumental auxquelles il était étranger. Parmi ces derniers on doit souligner l’importance des déplacements italiens et romains. Au moins deux fois, lorsqu’il était encore seulement abbé, Oliba se rendit a Rome, en 1011 et 1016. Comme Sigéric de Canterbury et tous les grands voyageurs de son temps, Oliba visita les grandes basiliques romaines et fut certainement impressionné par les colonnes romaines historiées et par le format du Panthéon alors grand sanctuaire marial à plan centré.


Carme SUBIRANAS
Les églises de Vic au temps de l’évêque Oliba, Santa Maria la Rodona

RÉSUMÉ
Les vestiges de l’église de Santa Maria la Rodona de Vic furent mis au jour en 2004 à la suite des travaux de rénovation de la place de la Cathédrale. Malgré sa disparition en 1787, cette église a toujours été présente dans l’histoire et la mémoire des habitants de Vic, comme objet de nombreuses interprétations historiques. Malgré le mérite indubitable des études déjà réalisées, les données archéologiques obtenues pendant les fouilles ont permis d’éclairer certains points importants au sujet de de l’ancienne église, construite pour la première fois au Xe siècle, reconstruite par l’évêque Oliba au XIe siècle et encore reconstruite au XIIe siècle. Les données archéologiques contredisent donc certaines des interprétations antérieures qui montrent l’importance indubitable qu’ont maintenant les travaux archéologiques.



Immaculada LORÉS et Carles MANCHO
Hec domus est sancta quam fecit domnus Oliva : Santa Maria de Ripoll

RÉSUMÉ
Comme toute légende celle de Ripoll a aussi des fondations solides. La démarche artistique de ce monastère a toujours été imaginée comme le parcours naturel dû à l’intuition des quelques grands hommes qui l’ont dirigée, avec Oliba en tête. Il n’y a pourtant rien de naturel soit dans cette démarche soit dans la manière dont celle‑ci nous est parvenue. Nous pouvons synthétiser très rapidement notre point de vue : l’histoire politique et culturelle de la Catalogne du XIXe siècle, à la recherche des symboles de la patrie, a « inventé » le mythe de Ripoll et son abbé le plus illustre, depuis on a toujours accepté que cette création historiciste faussait une réalité qui ne pouvait être démasquée qu’à partir de la recherche dans les sources historiques. À notre avis, le XIXe siècle a, effectivement, « inventé » le mythe de Ripoll mais dans le sens médiéval du mot, c’est‑à‑dire on y a « trouvé » un mythe déjà créé au XIIe siècle. De ce point de vue, donc, les documents deviennent, non plus une démonstration mais tout simplement une évidence d’un enjeu fortement politique. Dans cet article nous essayons de réviser et mettre en ordre le peu d’information objective qui nous est parvenue à la recherche du véritable monastère de Ripoll.



Marc SUREDA i JUBANY
Architecture autour d’Oliba. le massif occidental de la cathédrale romane de Gérone

RÉSUMÉ
Pour caractériser le rôle artistique central joué dans l’architecture par l’abbé et évêque Oliba, on parle fréquemment des constructions qu’il avait promues lui‑même dans ses domaines monastique et épiscopal (Cuixà, Ripoll, Vic et son diocèse). Mais on évoque souvent aussi l’influence de sa personnalité artistique pour d’autres églises importantes du même contexte, telles que Sant Pere de Casserres, Sant Vicenç de Cardona ou Sant Pere de Rodes entre autres. L’architecture «olibienne» n’est plus aujourd’hui considérée aussi homogène qu’on le pensait il y a quelques années, et le manque de documents rend très difficile d’éclairer jusqu’à quel point l’avis ou le goût d’Oliba ont pu constituer des facteurs déterminants dans la conception des sanctuaires où il ne gouvernait pas directement.
Cette contribution concerne un de ces bâtiments. La cathédrale romane de Gérone (consacrée 1038) possédait un massif occidental, maintenant bien connu grâce aux fouilles archéologiques et aux textes (particulièrement liturgiques). Cette structure peut être mise en rapport avec un certain nombre de traits et de référents d’autres bâtiments dressés sous l’égide de l’abbé‑évêque. Cela, à côté des liens qu’il entretenait avec les commanditaires de l’édifice gironais, nous permet d’entrevoir les possibles voies d’influence du prélat dans l’un au moins des grands projets de l’architecture catalane de ce temps.


Javier MARTÍNEZ DE AGUIRRE
L’art au temps de Sancho III el Mayor : Leire

RÉSUMÉ
En 1057 eut lieu au monastère de Leire la consécration d’une oeuvre d’agrandissement de son église qui était novatrice par rapport à ce qui avait été jusque là construit dans le royaume de Pampelune. Malgré un parcours séculaire de souveraineté, le petit territoire gouverné par la dynastie Jimena ne s’était pas caractérisé par ses réalisations artistiques. Les bâtiments préromans sont modestes en termes de l’architecture et frustres pour la sculpture. Toutefois, à partir de Leire le royaume pyrénéen se joint à l’énorme effort de création que vit l’Europe de l’Ouest et offre des oeuvres de premier rang qui lui font une place importante dans l’histoire de l’art roman.
Vers 1030, sous le règne du roi Sancho el Mayor (1004‑1035) et sous l’abbé Sancho (1019‑1052), a commencé la nouvelle construction à Leire, consistant en l’agrandissement de l’église par la construction de la crypte et du chevet, qui signifièrent à la fois un effort et une nouveauté. Les circonstances de construction de Leire étaient trop exceptionnelles pour que le nouvel édifice provoque un renouveau de l’art de de la Navarre. Aucun autre bâtiment n’atteignait sa taille, ni ne disposait de ses ressources économiques. Toutefois, certains éléments employés dans l’abbaye ont laissé leur marque dans les environs.


Marco ROSSI
Les patronages d’Ariberto da Intimiano et la peinture lombarde au début du XIe siècle

RÉSUMÉ
Le millénaire de la basilique de St Vincent à Galliano (2 juillet 1007) a permis d’entreprendre de nouvelles recherches sur la personnalité d’Ariberto da Intimiano, commanditaire de cette entreprise, avant d’être archevêque de Milan.
Son intervention à Galliano, comme gardien (custos) de la basilique et sous‑diacre de la cathédrale de Milan, s’insère dans le cadre des commandes, riches d’implications religieuses et politiques, réalisées pendant l’époque ottonienne. Le dessein d’Ariberto à Galliano comprenait la décoration entière de la basilique de St Vincent, y compris des murs de la nef, où il ferme certaines fenêtres pour rendre l’espace plus ample et y disposer des peintures murales. Il favorise la dimension hagiographique et narrative de l’espace ecclésial comme image de la cité céleste. Ariberto‑ à travers la translation de Adeodato, la construction de la crypte, le renouvellement du presbyterium et la décoration de l’église de St Vincent ‑ voulait suivre les traces d’Ambroise, fondateur de nouvelles basiliques, et des grands archevêques carolingiens comme Angilbert II. Les références de l’iconographie et du style des peintures murales de Galliano se trouvent dans l’art carolingien, par exemple l’autel en or de St Ambroise à Milan et les fresques de St Jean à Müstair. Il est possible aussi d’y retrouver des affinités avec les peintures apocalyptiques presque contemporaines du Baptistère de Novare et avec la Maiestas Domini de Prugiasco dans le Canton du Tessin, comme à St Sauveur à Barzanò, dans la basilique de Agliate et dans le sacellum de St Satire à Milan.


Carolyn Marino MALONE
Saint-Bénigne de Dijon: le programme des dédicaces de la rotonde

RÉSUMÉ
Les dédicaces de la rotonde de Saint‑Bénigne de Dijon (1001‑1018) et de ses autels articulent un programme qui constitue un chemin conduisant au salut chrétien par l’intermédiaire de l’Ecclesia; il progresse depuis le niveau inférieur dédié aux martyrs et confesseurs, à travers le niveau médian dédié à la Vierge et aux Apôtres (ces deux niveaux représentant l’église terrestre), jusqu’au niveau supérieur dédié à la Trinité et à saint Michel (l’église céleste). Bien qu’une progression similaire vers le salut chrétien soit figurée par les deux niveaux de la rotonde située à l’ouest de l’église de Saint‑Michel de Cuxa, où les sépulcres des martyrs et la chapelle de la Mère de Dieu et de la Nativité, en bas, représentent le mystère de l’Incarnation de l’église de la terre, et le niveau de la Trinité, en haut, représente l’église du Ciel, la rotonde de Saint‑Bénigne, grâce à ses trois niveaux et à son oculus, suggère avec encore plus de force le royaume céleste. Pour la première fois et peut‑être la seule, un autel dédié à la Trinité était placé au troisième niveau d’une église et était ceint d’une couronne de lumière « exceptionnelle » au point focal de l’église tout entière, telle que la décrit la chronique de Saint‑Bénigne (1058 et 1065). Grâce à ses trois niveaux et à son oculus, la rotonde de Saint‑Bénigne peut être interprétée comme un lieu pour la theosis.


Jordi CAMPS i SORIA
Le décor de l’église d’Artés: un reflet tardif de la tradition sculptée du XIe siècle en Catalogne

RÉSUMÉ
De l’église romane de Santa Maria d’Artés (el Bages, Catalogne), on ne conserve qu’une partie de l’abside, de plan polygonal, qui contient les restes très significatifs d’un décor sculpté qui a été daté du XIe siècle. Ces fragments de décor présentent un relief plat, jouant sur les effets de contraste entre ombre et lumière, caractéristique de beaucoup d’ensembles de sculpture méridionaux du XIe siècle, et figurent des motifs végetaux taillés en biseau combinés avec des thèmes de bestiaire. Ces thèmes sont ceux qui donnent sa singularité à l’ensemble d’Artés, si on les compare avec quelques uns des exemples de sculpture les plus célèbres et les plus étudiés en Catalogne qui appartiennet aussi à cette époque. Selon les indices apportés par des fouilles archéologiques et par l’étude architecturale des vestiges, ces reliefs sont remployés dans l’abside, qui leur est postérieure, et datée de la fin du XIIe siècle ou du début du XIIIe. Cette communication se propose de reprendre l’étude de ce monument, qui n’a été étudié ces dernières décennies qu’en quelques ocasions, et de le situer dans le contexte de la sculpture du XIe siècle, tant par rapport aux ensembles les plus importants que par rapport à d’autres qui restent plus isolés.


Bénédicte PALAZZO-BERTHOLON
le décor de stuc autour de l’an mil: aspects techniques d’une production artistique disparue

RÉSUMÉ
Le stuc constitue un élément à part entière du décor architectural, dont les témoignages sont rares, mais assez significatifs pour replacer cette production artistique dans le cadre plus large de l’art médiéval. Les récentes études techniques réalisées sur de nombreux vestiges permettent de dresser un état de la question sur les aspects jusqu’alors méconnus de leur production. Héritiers de la tradition romaine, les stucs médiévaux illustrent l’évolution progressive vers des formes diversifiées d’expression artistique qui s’accompagnent ‑ et c’est ce que nous proposons d’étudier ‑ de changements techniques notables tels que les matières premières employées, la composition du matériau et les techniques de mise en oeuvre. Nous tenterons ainsi d’expliquer quand et comment la fabrication du stuc évolue au cours du Moyen Age, dont le principal changement technique semble se produire autour de l’an mil, avec un éclairage plus particulier sur les décors de stuc catalans des XIe et XIIe siècles.


Bérangère ROCHE
Saint-André de Sorède: la redécouverte d’une abbaye grâce à un manuscrit

RÉSUMÉ
La découverte d’un manuscrit de premier ordre aux Archives Départementales des Pyrénées‑Orientales a permis de renouveler et d’enrichir la connaissance sur l’abbaye romane de Saint‑André de Sorède. En effet, ce devis de travaux de 1777 propose une visite virtuelle détaillée du monastère car l’expert explore l’ensemble du patrimoine immobilier et foncier et préconise des réparations qui ont sans doute été effectuées. Il permet, entre autres, de lever le voile sur un point jusque‑là inconnu : l’emplacement du cloître roman disparu, qui se situait au nord de l’église. Ce manuscrit, le « rapport Chambon », date du XVIIIe siècle, mais une étude de terrain approfondie et les sources textuelles permettent de croire que le plan et l’aspect du monastère n’ont que peu évolué depuis l’époque médiévale. C’est grâce à ce document que l’on peut aujourd’hui proposer une reconstitution du plan de l’abbaye au Moyen Âge.


Sandrine JUNCA
Des peintures murales médiévales méconnues dans des églises de l’Aude et de l’Hérault

RÉSUMÉ
Cette étude présente trois ensembles de peintures murales datant de la période médiévale, situés dans les départements de l’Aude et de l’Hérault. Ceci est un échantillon des premiers résultats des recherches effectuées lors de mes Masters. Des décors, parmi les peintures les plus méconnues, ont été choisis pour faire découvrir les richesses de ces territoires. Pour l’Aude, nous nous attardons sur les peintures de l’église Saint‑Saturnin de Fabrezan et de l’église Saint‑Polycarpe, du village du même nom. Ensuite pour l’Hérault ce sont les peintures de l’église Saint‑Pierre de Montbazin auxquelles nous nous intéressons. Elles font partie des oeuvres les moins étudiées. Ces ensembles ont fait l’objet de rares analyses, surtout durant ces trente dernières années. De plus, un essai de rapprochement avec des peintures murales romanes provenant de Catalogne essentiellement, est présenté.


Joan DURAN-PORTA
Les cryptes monumentales dans la Catalogne d’Oliba. De Sant Pere de Rodes à la diffusion du modèle de crypte à salle

RÉSUMÉ
Les cryptes jouent un rôle important dans l’architecture du premier art roman des comtés catalans, dans la redéfinition du modèle de choeur qui prend place dans les bâtiments religieux du premier XIe siècle. Cet article propose une vue d’ensemble des cryptes monumentales catalanes du premier art roman, qui se caractérise par la propagation de la typologie de la crypte‑salle à partir d’un modèle prestigieux local, celui de la cathédrale de Vic construite par l’abbé‑évêque Oliba. Parallèlement, nous étudions la crypte de Sant Pere de Rodes, pour laquelle nous proposons une inspiration romaine, et nous mettons aussi en relief l’existence d’un espace souterrain inconnu sous la basilique Santa Maria de Ripoll, qui pourrait être identifié avec les vestiges de l’ancienne église abbatiale consacrée en 977.


Marie-Claire ZIMMERMANN
La construction du mythe d’Oliba au XIXe siècle : Canigó, de Jacint Verdaguer (1886)

RÉSUMÉ
Jacint Verdaguer (1845‑1902), prêtre et poète, est l’un des principaux représentants du mouvement culturel et littéraire appelé Renaixença, qui coïncide avec un renouveau de la Catalogne après trois siècles de relatif effacement. Dans un long poème en douze chants, Canigó, qu’il qualifie de « Llegenda pirenaica del temps de la reconquesta » (légende pyrénéenne du temps de la Reconquête), Verdaguer reconstruit l’histoire médiévale catalane en évoquant les exploits de héros fameux qu’il mythifie dans cet espace pyrénéen qu’il connaît parfaitement pour l’avoir parcouru à pied et où le Canigou, dont il exalte la beauté, devient la montagne de tous les dangers et de toutes les énigmes. Les combats font l’objet des huit premiers chants avant que n’apparaisse Oliba, qui occupe la scène dans les chants IX, XI et XII. L’objet de cette communication consistera à analyser les formes et le sens de la mythification d’Oliba dans le grand chant épico‑lyrique de Verdaguer.


Michel ZIMMERMANN
Conclusions

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