Visite de l’abbaye de Lagrasse (Aude), sous la conduite de Nelly Pousthomis-Dalle (Université Toulouse-Jean Jaurès, UMR 5608-Terrae)

L’abbaye de Lagrasse s’élève dans la vallée de l’Orbieu, dans le nord du massif des Corbières, à 35 km au sud-est de Carcassonne. Fondée par Charlemagne sur la base d’un ermitage sous l’autorité de Nimfridius, compagnon de Benoît d’Aniane, elle bénéficie d’un fonds documentaire exceptionnel et continu et offre un remarquable ensemble, vaste et complexe, de constructions échelonnées dans le temps et dans l’espace, scindées en deux propriétés distinctes depuis la Révolution. Avec le soutien de la Direction Régionale des Affaires culturelles, du Département de l’Aude, de la S.C.I. Abbaye de Lagrasse et de la municipalité de Lagrasse, une équipe interinstitutionnelle de chercheurs a mené un programme collectif de recherche centré sur l’abbaye, sous ses aspects historiques, architecturaux et archéologiques (2007-2012, Universités de Provence/LA3M, Paul-Valéry (Montpellier) et Toulouse-Jean-Jaurès/TRACES et Framespa-Terrae), puis, plus largement, sur le bourg et le terroir (2013-2017, Université de Toulouse-Jean Jaurès/TRACES et Framespa-Terrae). L’équipe a mené des recherches en archives, réalisé un grand nombre de relevés, conduit une étude architecturale avec les méthodes de l’archéologie du bâti, effectué des campagnes de sondages et de fouilles dans les bâtiments et dans l’enclos monastiques et des prospections dans le terroir. Elle a, tout au long de ces années, assuré un suivi des travaux menés dans l’ensemble du complexe monastique. Outre les rapports annuels, une publication a dressé en 2013 un premier bilan du travail accompli. Divers articles sont prévus pour rendre compte des avancées et découvertes depuis cette date. L’abbaye conserve de rares témoins de constructions des 9e -10e siècles, un bras de transept des années 1050 et des sculptures erratiques du 12e s. Une grande campagne de travaux a été menée par l’abbé Auger de Gogenx (1276-1309) à qui l’on doit non seulement une chapelle abbatiale peinte et sculptée mais aussi une refonte complète du palais abbatial, une reconstruction du cloître et du dortoir. L’église a été en grande partie rebâtie à l’époque gothique, probablement vers la fin du 15e s. et des travaux d’embellissement ont été commandés par l’abbé Philippe de Lévis (1501-1537). Réformée par les Mauriste en 1662, ces derniers ont reconstruit au 18e s. une grande partie des bâtiments monastiques, le cloître et les ailes qui encadrent la cour et l’avant-cour. Cette décennie de recherche a permis d’éclairer les traces de l’histoire mouvementée de cette abbaye très puissante, dont les bâtiments ne se laissent pas facilement appréhender. (N. Pousthomis-Dalle, pour le collectif de recherche).

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