Cécile TREFFORT
Introduction. Tombeaux et sépultures de l’époque romane : les monuments de l’indicible

RÉSUMÉ
Dans toutes les civilisations, la mort est imaginée, exprimée, représentée par les vivants et pour les vivants. Elle se pense, fondamentalement, à l’aune de la vie. À l’époque romane, pour les clercs comme pour les fidèles, la dire, l’appréhender, la dépasser est indissociable de la pensée chrétienne dans laquelle la « vie » peut, selon le registre sur lequel on se place, être réelle ou idéelle, physique ou spirituelle, éphémère ou éternelle. La « mort » n’est alors pas une fin, mais un événement fondamental dans l’existence humaine partagée entre un ici-bas et un au-delà aux frontières perméables, aux horizons temporels distendus.
En guise d’introduction à ce volume, nous proposons ainsi de parcourir deux voies parallèles : l’une qui permet de penser la vie, corps et âme, ici-bas et au-delà, l’autre, de transcender la mort, mettant en perspective le monument funéraire qui renvoie à la mort, à la disparition, à l’absence – à l’indicible donc, que mots et images peinent à exprimer.


Vincent DEBIAIS
Écrire sur, écrire dans, écrire près de la tombe. Les aspects topographiques de l’inscription funéraire (IXe-XIIe siècle)

RÉSUMÉ
Les inscriptions du Moyen Âge peuvent, pour un grand nombre d’entre elles, être qualifiées de « funéraires », sans qu’il soit possible pour autant de définir clairement ce que l’on entend par cette typologie. Elle concerne en effet des inscriptions de formes, de contenus et de fonctions très variés, dont le seul dénominateur commun consiste en ce qu’elle évoque, sous une forme ou sous une autre, la mort d’un personnage. De longueur très variable, les textes funéraires prennent place sur des objets eux aussi très divers, de l’élément formant partie intégrante d’un monument funéraire à l’objet liturgique isolé, sans lien avec la tombe. Sans prétendre résoudre l’ensemble des interrogations relatives à l’épigraphie funéraire, la communication avance quelques pistes de réflexion autour de l’écriture dans sa relation à la tombe en évoquant les données topographiques des inscriptions (leur forme et leur localisation).


Olivier PASSARRIUS
Archéologie du cimetière paroissial dans le Midi, en contexte rural (IXe-XIVe  siècles)

RÉSUMÉ
L’intérêt des archéologues et des historiens pour le cimetière ou le monde des morts d’une façon générale n’est pas nouveau. D’abord focalisé sur les nécropoles du haut Moyen Âge, l’attention des archéologues s’est récemment déplacée vers les siècles postérieurs grâce notamment au développement de l’archéologie urbaine qui a permis la fouille de cimetières paroissiaux ou de zones d’inhumation communautaire. Ces opérations, souvent récentes, livrent des données précieuses sur l’organisation de la zone funéraire, sa gestion, les pratiques funéraires ou la typo-chronologie des sépultures. Sur tous ces sites, l’apport de l’anthropologie de terrain et des études taphonomiques s’est avéré primordial pour la connaissance du soin apporté au défunt. De même l’apport, pour l’historien ou l’archéologue, des analyses paléogénétiques ou portant sur la recherche de l’ADN de certains gènes pathogènes ouvre désormais des perspectives nouvelles pour l’étude des grands ensembles funéraires.


Jean-René GABORIT
Les tombeaux des saints. Monuments funéraires élevés en France à l’époque romane en l’honneur de personnages à la sainteté admise ou reconnue


Géraldine MALLET
L’œuvre de tombier de l’atelier de R.  de  Bia (début du XIIIe siècle, Catalogne du Nord)

RÉSUMÉ
Dans l’apparente homogénéité de la sculpture romane en marbre de Catalogne du Nord, il est difficile de dégager des personnalités particulières, des maîtres au style bien affirmé. Il faut attendre le dernier tiers du XIIe siècle et le début du siècle suivant pour voir surgir des sculpteurs dont les oeuvres se distinguent nettement de l’ensemble de la production, que l’historiographie a appelé pour le plus ancien, faute de signature, le « Maître de Cabestany » et, pour le plus récent, « Raymond de Bianya », d’après des inscriptions gravées sur plusieurs reliefs de facture semblable. L’oeuvre de ce dernier n’est abordée, depuis l’article de Marcel Durliat en 1973, que dans le cadre d’études monographiques. Nous nous proposons ici de réfléchir sur le nom de l’atelier, sur sa place dans le contexte artistique roussillonnais ouvrant sur une production marbrière funéraire qui, jusqu’alors, semble avoir été essentiellement réservée à la sculpture monumentale et mobilière. Bien que ne pouvant être encore résolue, la question de l’origine et de la formation de l’atelier est soulevée.



Alexis CORROCHANO
Entre nécropoles et cimetières : tombes, lieux d’inhumation et mémoire funéraire à travers l’archéologie des VIIe-XIe siècles dans le sud de la France

RÉSUMÉ
La question de la mémoire des morts représente un élément clé des études d’archéologie funéraire médiévale. Cet article présente une recherche en cours dans le cadre d’un doctorat portant sur les formes et les espaces d’inhumation entre le VIIe et le XIe siècle. Dans le Midi languedocien, les données archéologiques permettent une étude détaillée de la tombe et du lieu d’inhumation mais également d’aborder les thèmes sous-jacents de l’organisation de l’espace, des pratiques et de la mémoire funéraire.


Arturo Carlo QUINTAVALLE
L’Antique et les monumenta de la Réforme grégorienne


Daniel CAZES
La réutilisation funéraire des sarcophages paléochrétiens du sud-ouest de la France jusqu’au XIIIe siècle

RÉSUMÉ
Avec la renaissance de la ville, sa croissance, sa nouvelle monumentalisation du XIe au XIVe siècle, Toulouse « recycla » à la fois les matériaux de ses édifices romains et les sarcophages de ses nécropoles, surtout celles du paléochristianisme. Nous concentrons nos regards sur la réutilisation funéraire des sarcophages sculptés aux IVe et Ve siècles qui définissent un art paléochrétien propre à un « grand Sud-Ouest » dans lequel il s’est propagé à partir de la haute vallée de la Garonne. Art de l’aristocratie de la fin de l’Empire romain, il ne cessa d’être ou redevint un signe d’identité sociale et de pouvoir au cours du Moyen Âge dans les régions qui l’avaient initialement utilisé. C’est ainsi qu’il en fut au sein de la famille des comtes de Toulouse, et sans doute aussi chez ses alliés, voire ses adversaires, à l’intérieur des mêmes enjeux territoriaux


Fabrice HENRION
Remplois de sarcophages du haut Moyen Âge et souvenir de leur image à l’époque romane en Bourgogne et alentours

RÉSUMÉ
Entre la fin de l’Antiquité et le début du haut Moyen Âge, on assiste sur le territoire de l’actuelle Bourgogne à la mise en place d’une véritable industrie de production de sarcophages de pierre, tant dans les calcaires de l’auréole jurassique du Bassin Parisien que dans les grès de la bordure méridionale du Morvan. Ce phénomène semble accompagner la christianisation des populations et peut être illustré par le nombre croissant de sarcophages dans les cimetières liés à un sanctuaire, sans que l’on puisse toujours en saisir les mécanismes. Mais le lien semble suffisamment établi au début du Moyen Âge pour que le sarcophage, ou son image, témoigne de l’ancienneté du lieu, de son prestige ou de celui de ceux qui souhaitent y être inhumé. Le rapport aux origines, l’inscription des contemporains dans une continuité établie et reconnue, passe manifestement par l’utilisation de preuves matérielles dont le sarcophage fait partie.



Francesca ESPAÑOL
Panthéons comtaux en Catalogne à l’époque romane. Les inhumations privilégiées du monastère de Ripoll

RÉSUMÉ
Étude des sépultures comtales à Ripoll du IXe au XIIe siècle. Les tombes les plus anciennes correspondent à l’époque des prédécesseurs de l’abbé-évêque Oliba. Cet ensemble de sarcophages pourrait avoir été originellement placé sous la chapelle consacrée au Sauveur située à l’ouest de l’église et en hauteur. La présence d’une telle chapelle dans ce secteur, ainsi que les deux clochers-tours suggèrent l’existence d’un westwerk, dont l’atrium aurait eu une fonction funéraire, conformément à l’usage réservé à ces « massifs occidentaux » dans l’architecture du haut Moyen âge. Le coutumier du monastère étaie cette interprétation en mentionnant l’existence d’une galilée à Ripoll.
Pour l’époque romane, on étudie le sarcophage attribué à Raimond Bérenger III, dont on déduit qu’il a dû avoir un pendant, destiné à Raimond Bérenger IV, probablement disparu vers 1300, au moment du transfert des restes de son occupant dans une châsse d’argent, à l’intérieur de l’église. Ce transfert, dont la finalité était de sanctifier un des membres de leur lignage, est à mettre en relation avec les efforts que faisait le monastère pour récupérer la faveur des rois catalans. En effet, depuis Alfonse le Chaste, Ripoll avait perdu son rôle de panthéon dynastique, et la crise que connut le monastère au long du XIIIe s. dut inciter les moines à chercher une issue.
Le tremblement de terre qui en 1428 détruisit les voûtes de l’église et effondra le clocher-tour nord permet de comprendre l’évolution postérieure du panthéon comtal. Le secteur occidental de l’église étant ruiné, les mausolées qui y étaient abrités furent répartis dans le cloître et à l’extérieur du portail roman. Les historiens qui visitent le monastère à partir du XVIIe s. les localisent à cet endroit, à l’exception du reliquaire de Raimond Bérenger IV, toujours dans l’église.
L’article se termine par quelques mises au point sur la signification du portail monumental et sur sa datation en se basant sur la spoliation du trésor du monastère par Raimond Bérenger IV. On examine aussi la relation possible entre cette spoliation et le contenu de la Brevis Historia Rivipullensis, composée en 1147.


Eduardo CARRERO SANTAMARIA
Cathédrale et topographie funéraire dans l’architecture médiévale de la Péninsule Ibérique

RÉSUMÉ
Aux environs de l’an mil apparaît une préoccupation commune à l’aristocratie, celle de la célébration et de l’entretien de la mémoire ancestrale, garante de la légitimité de ces dynasties. La fondation d’une nécropole fut un moyen pour l’aristocratie de manifester l’ancienneté et la continuité du lignage mais aussi la domination d’une famille sur un territoire. Cette domination peut se traduire par l’accumulation visuelle de tombeaux, réalisés dans des matériaux fastueux mais aussi par des cérémonies funéraires somptuaires. Ainsi, sont fondées de façon quasi-contemporaine les panthéons dynastiques des comtes de Vendôme dans la collégiale Saint-Georges-de-Vendôme, des comtes d’Angoulême à l’abbaye de Saint-Cybard ou encore des vicomtes de Beaumont à Etival-en-Charnie. La politique funéraire dynastique fut un moyen, au même titre que les fondations religieuses et les constructions castrales de manifester le pouvoir d’une lignée.


Anne EMBS
Nécropole dynastique, mémoire clanique : naissance et développement d’un phénomène

Philippe PLAGNIEUX
Le tombeau de la reine Adélaïde de Maurienne (†1154) à Saint-pierre de Montmartre : entre célébration mémorielle et béatification

RÉSUMÉ
En 1153, Adélaïde de Maurienne prit le voile au monastère Saint-Pierre de Montmartre, dont elle avait naguère entrepris la construction avec son défunt époux le roi Louis VI. Lors de l’installation des religieuses en 1134, le roi avait tenu à insister sur l’engagement personnel de la reine ainsi que sur la fonction mémorielle et royale de cette abbaye, précisant qu’il l’avait fondée sur les instances de son épouse, tant pour le repos de son âme que de celle de ses prédécesseurs. Probablement peu après le décès de la souveraine en 1154, on éleva dans le choeur des moniales un monument funéraire à son effigie. Cette oeuvre a donc été réalisée au moins une génération avant que ne commence à se préciser la définition du gisant à destination eschatologique. On doit donc rattacher cette sépulture à la série des tombeaux romans destinés à commémorer la mémoire du fondateur, lequel, déjà pratiquement parvenu à la gloire céleste, pouvait être invoqué comme intercesseur privilégié de la communauté. Par ailleurs, le monument d’Adélaïde de Maurienne doit être formellement et stylistiquement rapproché des tombeaux rétrospectifs des souverains mérovingiens réalisés à Saint-Germain-des-Prés vers le milieu du XIIe siècle. L’effigie royale de Saint-Pierre de Montmartre constitue, dans ces conditions, un important repère chronologique pour la datation de la première sculpture gothique d’Île-de-France.


Therese MARTIN
Vie et mort dans le Panthéon de San Isidoro de León

RÉSUMÉ
Cette étude soutient que la mémoire médiévale ne réside pas seulement dans les sépultures mais aussi dans les palais royaux. Le dénommé Panthéon de San Isidoro à León représente l’exemple idéal pour aborder cette question, puisque ce seul espace architectural comprend de multiples buts et significations. Tandis que les fonctions et utilisations du bâtiment ont changé pendant le XIe et XIIe siècles, selon les besoins changeants du moment et les désirs des mécènes, un fond de mémoire y a été présent tout au long des années.


Milagros GUARDIA
La mort de Thomas Becket d’après l’Espagne

RÉSUMÉ
Ma contribution se propose de revenir sur la réception précoce des reliques et du culte de saint Thomas Becket dans la Péninsule Ibérique. Un premier chapitre réunit les témoignages documentaires les plus remarquables qui nous permettent d’identifier les promoteurs de son culte : les membres des familles royales, parmi lesquels la reine Éléonore Plantanegêt de Castille, l’ordre cistercien, les chanoines augustins, voire les titulaires de certains sièges épiscopaux. Une seconde partie analyse, en apportant de nouvelles interprétations des différents programmes iconographiques, les différentes oeuvres conservées comportant des images de la vie et des miracles du saint de Canterbury. Il s’agit, en particulier, de l’autel de Sant Miquel d’Almazán, du cycle peint de Sant Nicolau de Sòria et des peintures murales de la chapelle de Becket à Santa Maria de Terrassa et des tituli qui les complètent étudiées plus attentivement.


Anna THIRION
L’ancienne tribune abbatiale de Saint-Michel de Cuxa. De la sculpture à la structure, nouvelle approche

RÉSUMÉ
Vers le milieu du XIIe  siècle, l’église abbatiale de Saint-Michel de Cuxa fut dotée d’une tribune-jubé qui n’est plus connue aujourd’hui que par des éléments éparpillés en France et à l’étranger. L’hypothèse de son existence passée fut émise pour la première fois au milieu du XXe siècle. Dès lors, plusieurs études furent engagées pour restituer l’aspect originel de l’édicule, en plan et en élévation. Les recherches actuelles portent sur la reconstitution de sa structure en trois dimensions et la disposition des sculptures au sein de celle-ci. En l’absence de témoignages précis (textuels ou iconographiques), c’est l’examen attentif des pierres qui permet la formulation de nouvelles hypothèses.


Daniel CODINA i GIOL
Mort, sépulture et culte de saint Pierre Orséolo à Saint-Michel de Cuxa

RÉSUMÉ
Récit de la mort, de la sépulture, du culte et de la vénération du doge de Venise Pierre Orséolo, moine de Cuixà au Xe siècle. Explication des témoignages objectifs qui subsistent de ces faits.


Richard DONAT
Les reliques du doge Pietro Orseolo conservées à Saint-Michel de Cuxa et à Saint-Pierre de Prades : à quels saints se vouer ?

RÉSUMÉ
La figure du doge de Venise Pietro Orseolo (928-988), converti à la vie monastique et retiré à Saint-Michel de Cuxa, reste intimement liée à l’histoire de l’abbaye où, selon la tradition hagiographique, il mena une vie consacrée à la prière et à la pénitence, jusqu’à sa mort en l’an 988. Sacralisés par l’abbé et évêque Oliba, les restes corporels de Pietro Orseolo connurent une histoire mouvementée, aboutissant d’une translation à l’autre au morcellement du corps saint. L’examen du contenu des deux châsses-reliquaires attribuées au saint, conservées l’une dans le trésor de l’église paroissiale Saint-Pierre de Prades et l’autre à l’abbaye de Cuxa, permet de reconsidérer la question des reliques de l’illustre personnage, en confrontant données historiographiques et anthropobiologiques.


Delphine BOYER-GARDNER
Une mémoire enfouie. Réflexion autour du dépôt despontificalia et d’inscriptions nominales dans les tombes d’évêques aux XIe et XIIe siècles : l’exemple de l’Aquitaine

RÉSUMÉ
Aux XIe-XIIe  siècles, la sépulture épiscopale est le support de mémoires croisées : celle, individuelle et personnelle, de celui qu’elle abrite, mais également, en raison du statut particulier du défunt, celle de l’Église qu’il dirigeait et incarnait de son vivant. Véritable interface matérielle entre le mort et la communauté des vivants - qui, dans ce cas, inclut potentiellement l’ensemble du clergé et des fidèles du diocèse -, il est possible d’y reconnaître différentes formes et degrés d’expression du souvenir, à la fois dans les éléments visibles et invisibles qui la composent. La sépulture épiscopale, considérée par rapport à l’environnement ecclésial, liturgique et funéraire dans lequel elle s’inscrit, doit ainsi pouvoir être envisagée en tant qu’« objet de mémoire » à part entière.


Stefania BABBONI
La sépulture de Obertus de Placentini dans la basilique de San Savino

RÉSUMÉ
L’analyse des sépultures de l’église de San Savino à Piacenza permet de dire avec confiance que le complexe est construit selon un usage répandu, sur une zone déjà occupée par une nécropole romaine, encore en usage, à l’extrémité orientale de ville. Comme souvent avec des zones funéraires qui bordent les chemins sortant des cités antiques, ce secteur, et avec lui le monastère bénédictin voisin, devient un centre important pour le développement du tissu de la cité médiévale, transformant les environs de suburbio a vicinia, de périphérie en quartier urbain. La découverte d’une colonne funéraire inédite, sur le côté nord du cloître, avec une inscription attribuée à une personne vivant dans les premières décennies du XIIe siècle, Obertus de Placentini, a ensuite permis de préciser la datation d’un bâtiment au centre du débat critique sur l’origine de l’architecture romane lombarde, depuis 1978 et la monographie de Roberto Salvini.


Maria Lluïsa QUETGLES ROCA
Les deux sculpteurs du sarcophage de Doña Sancha

RÉSUMÉ
Le sarcophage de Doña Sancha a suscité un grand intérêt, au moins dès le début du XVIIe siècle, tel que le démontre le sermon funèbre prononcé en 1622, lors du transfert a sa localisation actuelle. Au dernier siècle il a mérité un article d’A. K. Porter (1924) et, surtout, la thèse doctorale de D. L. Simon (1977), tout à fait indispensable, parce que l’auteur, après un bilan historiographique précieux, démontre que deux ateliers travaillèrent simultanément sur ce sarcophage. L’auteur ne fait pas une attribution précise des deux faces mineures, mais c’est justement grâce à elles que l’on peut, dans cet article, déterminer la zone d’action de chaque sculpteur du sarcophage. Au-delà de ces faits, cet article veut poser les bases pour une lecture iconographique renouvelée par une approche historique et politique qui fait de la comtesse Doña Sancha la commanditaire de son propre sarcophage.


Guillaume GRILLON
Les plates-tombes bourguignonnes : la constitution d’un modèle (XIIe-XIIIe siècles)

RÉSUMÉ
Le monument funéraire médiéval n’est au départ qu’une simple lame de pierre grossièrement rectangulaire et anthropomorphique sur laquelle la croix occupe une place importante. Cependant, on assiste assez rapidement à une personnalisation de la plate-tombe. Des éléments marqueurs apparaissent aux côtés ou à la place de la croix et on commence à faire figurer du texte sur le monument même. En Bourgogne, c’est au milieu du XIIIe siècle que la plate-tombe médiévale se normalise, dans sa forme comme dans sa fonction, avec la représentation du portrait en pied du défunt, associée à une inscription funéraire. En l’espace d’un siècle, le souci du salut de l’âme, qui était le principal argument pour se faire enterrer dans l’église, se trouve rattrapé par le besoin de laisser dans la pierre la trace de son passage sur terre. À la commémoration spirituelle s’adjoint donc une commémoration plus temporelle.


Marc SUREDA i JUBANY
In memoria eterna erit justus. Art, liturgie et mémoire au tombeau de Guillem de Montgrí (1273)

RÉSUMÉ
Guillem de Montgrí (1195-1273), sacristain majeur de la cathédrale de Gérone et archévêque élu de Tarragone, conquérant des Pitiüses, fut l’un des personnages les plus importants de tout le xiiie siècle en Catalogne. Dans son mémorial funéraire, qui a pu être reconstitué graphiquement, son tombeau gothique à gisant et enfeu - peut-être le plus ancien de ce type en Catalogne - était placé à côté de la porte d’accès au cloître, à son tour monumentalisée et dotée d’une remarquable élaboration iconographique. L’ensemble, oeuvre du maître Bartomeu, était un un point fort dans les parcours liturgiques et en même temps un excellent scénario pour la commémoration collective du défunt, dont les documents nous renseignent. Le monument se trouvait dans une position « charnière » dans le cadre de la cathédrale, entre l’usage et la topographie funéraire ancienne, une nouvelle expression artistique et le chemin vers la formule destinée au succès quelques années plus tard : la chapelle funéraire gothique.


Jacqueline LECLERCQ-MARX
Les monuments funéraires du nord de l’Europe aux XIe-XIIe siècles. L’exception scandinave

RÉSUMÉ
Les monuments funéraires scandinaves du XIe siècle, présentent des spécificités à ce point marquées par rapport à ceux qui furent réalisés au même moment dans le reste de l’Europe, qu’on peut véritablement parler d’« exception ». Quant à ceux, de style roman qui leur ont succédé, ils présentent des caractéristiques qui les distinguent encore des autres productions, même s’ils s’en rapprochent à bien des égards. Par ailleurs, si l’épigraphie y tient souvent une place de choix, formes, styles et matériaux diffèrent notablement selon les lieux et les ateliers de sculpture. L’étude conjointe de ces deux catégories de monuments, permet notamment de voir comment le christianisme s’est accommodé de certaines traditions régionales en matière funéraire, avant d’en susciter de nouvelles, plus en accord avec les siennes. Elle donne aussi à voir la grande variété de formes des tombeaux, et l’étonnant syncrétisme iconographique dont témoignent les monuments du XIe siècle, ainsi que la perméabilité de la sculpture romane aux influences de l’extérieur - ce qui ne l’empêche pas d’entretenir avec son passé des liens subtils.


Marie-Pasquine SUBES
Autour de la représentation des funérailles : confrontation de sources iconographiques et liturgiques

RÉSUMÉ
Cette contribution s’appuie sur l’observation de bas-reliefs qui ornent l’extérieur de la cathédrale Saint-Jean de perpignan, remarquables non seulement par leur disposition sur la muraille mais aussi par leur représentation précise des funérailles. À partir de ces oeuvres, nous proposons des recherches qui visent à réunir des images du XIIe et XIIIe siècle représentant le mort et plus spécialement ses funérailles, et ce que nous pouvons savoir de la liturgie correspondante. Le propos se divise en deux parties : une première sur les sources liturgiques proprement dites ; la deuxième partie s’attache à l’analyse d’images retraçant des funérailles, en essayant de montrer l’évolution au cours du XIIIe s. qui conduit à des représentations très « ritualisées » et plus spécialement à celle de l’absoute.


Cécile TREFFORT
Conclusions


Chronique
Résumés

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